Si l’on m’avait dit que je partirai dans les îles Canaries pour un stage Erasmus lors de cette année de formation commerciale dans le secteur
viti-vinicole, je n’aurais jamais imaginé vivre un tel dépaysement.
Et pourtant, nous y étions; survolant l’archipel, prêts à atterrir à Tenerife, petite île soumise à la fois aux tourments de l’océan et aux vents chauds provenant du Sahara puisque faisant face au continent Africain.
Mais, contre toute attente, on découvre effectivement des terrasses entières recouvertes de vignes palissées ou dites « en gobelet ». On apprend vite que la nature volcanique du sol lui confère une fertilité incroyable et que par la position insulaire des terres, il est exempt de ce puceron destructeur historique : le phylloxera.
Les vignerons sont unanimes: sans porte-greffe, les caractéristiques du cépage planté et du sol peuvent s’exprimer pleinement en son fruit et donc dans le vin. D’ailleurs, ici, les cépages sont tous dits « autochtones »: Listan blanco, Gual, Albillo Criollo, Vijariego, Marmajuelo ,Negramoll, Tintilla… et encore bien d’autres au nom tout aussi exotique.
L’accueil dans les vignobles est chaleureux, on visite les caves et le producteur est heureux de faire déguster le fruit de son travail.
J’allais découvrir que ce sont ces différentes influences qui font de celle-ci un trésor de diversité, tant de climats, que de végétations et de paysages.
Difficile d’imaginer que sur cette superficie de 2000km² où s’élève un volcan à plus de 3500m d’altitude, où la jungle peut laisser place à un spectacle lunaire au détour du chemin, où les falaises se jettent dans le fracas des vagues de l’Atlantique et où il ne fait pas bon oublier son frein à main dans les ruelles des petits villages au style colonial de la côte Nord; on puisse cultiver des vignes et produire des vins si riches, aromatiques et aux styles si différents.
Oubliez tous préjugés liés aux vins espagnols! Ici on re-découvre la puissance de l’aromatique: les vins sont frais, avec une belle rondeur en bouche et un fruité enveloppant.
Les vignerons sont intarissables sur la richesse de leur terre, la qualité de leur emplacement et des avantages de leur exposition.
Au sud de l’île, on trouvera majoritairement des vins blancs, tandis que le nord sera plus propice à la culture des cépages de vins rouges.
Il fût difficile en trois semaines d’appréhender toute la diversité tant des recoins de l’île que des vins qu’elle offre, mais il est certain que c’est grandement suffisant pour en voir assez pour vouloir revenir… et vite !